La représentation des femmes armées dans les médias – interview de Fanny Bugnon

Fanny Bugnon est chercheuse à l’Uuniversité de Rennes 2 où elle dirige le DU « Women studies ». Elle est spécialiste des études de genre. Elle a publié de nombreux articles comme “Les Amazones de la terreur : sur la violence politique des femmes, de la fraction Armée Rouge à Action directe”. Nous l’avons rencontrée pour discuter de la représentation des femmes armées dans les médias. 

En quoi les femmes armées sont une transgression de l’ordre du genre ?

Il existe un interdit anthropologique qui est une forme d’invariant. Les travaux de Françoise Héritier et de Paula Tabet, par exemple, le soulignent : l’accès à la violence et aux armes est réservé aux hommes. En effet, il s’agit d’un marqueur masculin sur le plan anthropologique. Il existe également des cadrages nationaux et juridiques qui ont amené à construire la citoyenneté des hommes à travers l’accès au service militaire et l’accès aux armes, à une époque où les femmes étaient dépourvues de droits politiques. On a justifié le fait que les femmes n’avaient pas ces droits justement, parce qu’elles ne combattaient pas pour défendre leur pays. 

Comment les médias parlaient-ils des femmes violentes dans les années 70-80 ?

A chaque fois que des femmes ont participé à des actions armées, notamment des actions armées illégales, elles ont toujours été présentées comme une éternelle nouveauté. C’est ce qu’on appelle un « déni d’antériorité ». Elles sont toujours nouvelles. Or, pour parler d’elles, on fait référence au mythe des Amazones qui date de 1 000 ans avant Jésus Christ. On nourrit des figures éternellement nouvelles avec des références historiques ou mythologiques à des femmes organisées collectivement et qui étaient des guerrières.

Comment sont représentées les femmes violentes dans les médias français aujourd’hui ? 

L’accès des femmes aux armes commence à être banalisé dans les armées, dans la police mais elles sont rarement dans les opérations de maintien de l’ordre direct. Il y a quand même des assignations qui demeurent. Elles ne sont pas exactement au même stade que les hommes. Elles demeurent minoritaires sur le plan des effectifs.

par Morgane GUIOMARD et Aouregan TEXIER.